À l'échelle de quelques milliers d'années, la sismicité est relativement stable. Ainsi la connaissance de la sismicité historique locale des Pyrénées permet d'avoir une bonne idée de la sismicité que nous devrions avoir dans le même laps de temps à venir. En révélant les risques passés, elle nous indique les risques futurs.
Avant les années 60, nous n'avions pas de moyens d'enregistrement des séismes. La connaissance de la sismicité historique repose sur les témoignages écrits des archives civiles et religieuses. Bien entendu, seuls les séismes destructeurs ont laissé de telles traces. Des équipes de chercheurs ont pu remonter jusqu'à la fin du Moyen-Âge (carte ci-dessous). Depuis 1960, la présence de stations sismologiques permet non seulement de déterminer les magnitudes, mais également de détecter les séismes plus faibles, non destructeurs.
Dans les Pyrénées, les séismes sont très fréquents (plus de 500 par an), mais l'immense majorité ne dépasse pas 3 de magnitude. Le massif connaît tous les ans quelques événements de magnitude 4 et tous les 15 à 20 ans (en moyenne) un séisme de magnitude 5. En revanche, certains séismes (beaucoup plus rares) peuvent être plus intenses et potentiellement dangereux. Ce fut le cas à plusieurs reprises par le passé.
Pendant plus de deux ans, une crise sismique d'une violence inouïe secoue toute la Catalogne. Elle débute le 13 mars 1427 dans la région d'Amer (près de Gérone) et culmine le 2 février 1428, date à laquelle se produit le plus fort séisme jamais répertorié dans toute l'histoire des Pyrénées. Ce dernier occasionne des dégâts catastrophiques à toute la région de Puigcerda, Prats-de-Mollo, Camprodon et jusqu'à Olot. Les pertes humaines se chiffrent par centaines.
Ce séisme, survenu le 21 juin 1660, reste à ce jour, de mémoire humaine, le plus fort ayant affecté les Pyrénées françaises. Bagnères-de-Bigorre, Lourdes et de nombreux villes et villages de Bigorre subirent des dégâts considérables. Deux autres séismes, à peine moins forts, secouèrent la même région le 24 mai 1750 et le 20 juillet 1854.
Le séisme d'Arette, d'une magnitude de 5,1, est celui qui a été le plus ressenti en France depuis celui de Lambesc en 1909. Le bilan est lourd : 62 communes déclarées sinistrées, 2283 immeubles atteints dont 340 irréparables. Il a été ressenti dans toute l'Aquitaine et le nord de l'Espagne.
Le tremblement de terre d'Arudy, d'une magnitude de 5,2, s'est produit dans la soirée. Il a provoqué la frayeur chez certains habitants. Partout les murs ont bougé et se sont plus ou moins fissurés. Le plâtre des maisons anciennes a dégagé beaucoup de poussière. Les dégâts ont été importants dans 25 communes. Le collège d'Arudy a connu quelques dommages. Il a d'ailleurs été reconstruit par la suite conformément aux normes parasismiques.
À 2h45 du matin, une violente secousse est ressentie dans les départements des Pyrénées-Orientales, de l’Ariège et de l’Aude. L’épicentre se trouve à Saint-Paul de Fenouillet
(Pyrénées-Orientales) où les personnes debout ont perdu l’équilibre. Sa magnitude est évaluée à 5,2.
Aucune victime humaine n'est à déplorer. En dehors de la zone épicentrale, les dommages sont plutôt modérés, il s’agit essentiellement de fissurations des plafonds, des murs, des chutes de tuiles... Il peut être comparé au séisme de 1922 car il s’est produit dans le même secteur géographique, avec les mêmes effets.
On l'a compris, l'analyse de la sismicité historique et instrumentale permet de connaître la probabilité qu'un séisme survienne. Les Pyrénées ont connu et connaîtront d'autres séismes majeurs parfois destructeurs. À quand le prochain ? Demain ou dans 2, 50, 150 ans ?
La date est inconnue, mais l'issue est inéluctable. Reste alors à s'y préparer au mieux, améliorer la prévention et faire en sorte que ses conséquences soient les moins néfastes possibles.
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